le traitement "cannibale" des ordures ménagères à Amiens
Amiens peut être fière de son usine de traitement des ordures ménagères. Depuis toujours (1987) c'est ce qui se dit, j'entends parler de la superbe usine de méthanisation qui permet à la métropole d'éliminer ses déchets non recyclables afin d'en produire du biogaz, c'est la valorisation.
La valorisation est un concept ambigu, il se construit en opposition à l'élimination. C'est donc " le réemploi, le recyclage ou tout autre action visant à obtenir, à partir des déchets, des matériaux réutilisables ou de l'énergie."
c'est à Amiens que l'usine de méthanisation Valorga fut "la première usine au monde de traitement d'ordures ménagères par digestion anaérobie en continue et à haute teneur en matière sèche".
En d'autres termes la valorisation des ordures ménagères, se fait par un processus de fermentation, pour les transformer en biogaz.
"La production industrielle de biogaz consiste à stocker la matière organique (en l'espèce les déchets) dans une cuve hermétique ou " digesteur ", ou " méthaniseur ", dans laquelle les matières organiques sont soumises à l'action des bactéries. Un brassage des matières, éventuellement un apport d'eau, mais surtout un chauffage, accélèrent la fermentation et la production de gaz qui dure environ deux semaines. "
Ce choix de traitement est avant tout un choix politique. Il conditionne nos choix pour l'avenir, c'est ce dont je me suis rendu compte.
En cherchant un peu, il existe un risque qui est évoqué dans un rapport du Sénat. Ce rapport fait falloir qu'entre deux choix de valorisation tel que la méthanisation et le recyclage (qui sont pratiqués a Amiens):
"Ces deux types de valorisation qui si elles sont complémentaires, peuvent aussi devenir contradictoires, car il peut y avoir en réalité " cannibalisation " d'une technique par une autre."
Récemment un lecteur du courrier picard s'est interrogé de la disparition des containers de tri sélectif mis en place dans la ville pour collecter le papier. La réponse qui fut apportée était de dire qu'en ce qui concerne le papier qu'il ne fallait plus chercher à le trier mais le jeter dans sa poubelle classique car il ne serait plus recyclé mais il serait mieux que ça il serait valorisé.
Cela signifie que l'usine dans son processus à besoin de matières comme le papier pour fonctionner. dans ce cas si on veut continuer à recycler le papier il tenait a tout un chacun de le porter lui même en déchetterie.
dès lors à Amiens, le papier ne sert plus refaire du papier mais il est détruit pour faire de l'énergie.
Cela soulève pas mal de questions: quand à l'avenir du tri sélectif comme celui de réduire les déchets, cela revient à une obligation de produire des déchets pour réussir à en détruire d'autre.
Dès lors inutile d'espérer un jour payer ses ordures au poids en individualisant la taxe des ordures ménagères. si déjà on se trouve contraint à y jeter tous ses déchets papiers pour permettre le bon fonctionnement de l'usine.
Mais aussi comme il est courant de refuser les publicités dans les boites aux lettres alors qu'elle serviraient au fonctionnement de l'usine, c'est un peu un cercle vicieux.
Inversement, alors qu'à Amiens nombreux sont ceux et surtout celles qui vivent seuls et doivent entretenir leur bout de jardin, le ramassage des déchets verts n'est pas effectué par les éboueurs, charge de chacun de les porter en déchetterie, ou alors de prévoir leur compostage à domicile, à concilier la politique de composteur individuels... qui est peut-être en contradiction avec la valorisation industrielle des déchets.